Une histoire, un passé. On en a tous. A la différence près que ce n’est pas pour moi que j’ai vécu, que je vis et que je vivrais.
Ma naissance à Bogota, en Colombie en décembre 1982 n’intéresse personne et surtout pas ma famille d’ailleurs. Quoi que là-dessus je suis un peu médisante. Disons qu’ils ont fait ce qu’ils pouvaient avec ce qu’ils avaient en stock d’émotions. Il faut dire aussi que le contexte n’était pas évident. Mon père, George Jenkins, était un mercenaire Américain, il travaillait plus ou moins pour le gouvernement mais s’est rendu compte que le crime payait beaucoup plus que l’État. C’est en bossant pour un cartel qu’il a rencontré ma mère d’ailleurs. Enfin bref, ça c’est plus tard dans l’histoire. Il a donc joué les taupes dans le gouvernement pour Tito Rodriguez, gros bonnet dans le trafic de drogue en Colombie. Ce mec tenait quasiment tout le pays dans ses filets et fort heureusement il avait mon père à la bonne. Il est donc devenu un flic corrompu à l’insu de son boss et a vécu comme ça durant de belles années. C’est au bout de 2 ans aux côtés de Rodriguez qu’il a rencontré sa nièce, Malia Chavez, ma mère, une véritable beauté incendiaire. Il nous a toujours dit à mon frère et moi qu’il avait eu un véritable coup de foudre et en revoyant les photos de cette époque, je le comprend amplement. Elle était tellement magnifique …
Je suis née 3 ans plus tard. Apparemment c’était suffisant pour qu’ils puissent profiter de leur jeunesse et de leur histoire d’amour. Et mon frère, Emilio, est né juste un après moi. A vrai dire, nous nous sommes toujours considérés comme des jumeaux. Deux entités indissociable, accrochés l’un à l’autre comme les cinq doigts d’une main.
Les années ont passé et c’est dans l’insouciance que nous avons grandit comme tous les gamins du monde. Ce que nous ne savions pas à l’époque c’est que nos parents trempaient dans des trucs pas clairs et que dans nos veines coulait le même sang que dans celle du plus cruel des hommes. Notre grand oncle, Tito. C’est à l’âge de huit ans que j’ai commencé à lui rendre visite régulièrement, demande expressive de ma mère et Emilio s’est joint très rapidement à nos petites entrevues. A dix ans j’ai commencé à pratiquer les sports de combat et à 13, l’oncle Tito m’a offert ma première arme : Un magnifique poignard en argent. Lorsque j’ai atteint mes 15 ans et Emilio ses 14, nous étions déjà de brillant petit soldat. Il nous arrivait même de bosser pour notre oncle. A 16 ans j’ai tué mon premier homme, avec le poignard que j’avais reçu en cadeau trois ans plus tôt. Un choc pour moi, mais visiblement pas pour Tito qui petit à petit avait pris la place de nos parents sans trop leur demander leur avis. Pour me féliciter, il m’a offert un revolver. Une arme légère, précise et puissante. D’abord quelque peu réticente j’ai rapidement pris goût au tir, chose à laquelle je m’entraînai plusieurs heures par semaine, tout comme le combat à main nue et autres activités destinées à améliorer mes réflexes qui évoluaient de jour en jour.

Un jour de septembre, notre mère a été voir rodriguez pour lui implorer de « relâcher » ses enfants. Il lui a rit au nez. Papa, lui, continuait de bosser pour lui mais il l’envoyait toujours plus loin régler ses problèmes dans les villages qui refusaient de se soumettre si bien qu’il n’avait aucun moyen de véritablement se rendre compte de ce qui se tramait à Bogota. C’est a cette époque que j’ai commencé à me rebeller et devenir incontrôlable. Pour tenter de me calmer, Tito se servait de mes talents pour régler certaines affaires. Un jour j’en ai eu assez de jouer les chiens de garde alors j’ai tout plaqué et me suis enfuie. Jusqu’ici je dois l’avouer, je ne m’étais jamais réellement demandé si ce que je faisais était bien ou mal mais en discutant avec un prêtre j’ai finalement ouvert les yeux. J’ai tout fait pour convaincre Emilio de partir avec moi, en vain. Tito avait réussi à refermer ses filets malsains sur lui. Six mois plus tard, il mourrait d’une overdose. C’est là que j’ai compris ce qui reliait mon frère à cette ordure. La came. Cette saloperie. Comment avais-je pu être aussi aveugle. La rage qui déjà coulait dans mon sang depuis ma naissance venait de grimper un étage au dessus et je me suis fait la promesse de le venger, lui et ma mère qui ne supportant pas cette perte, s’était donné la mort un mois plus tard. Je suis donc rentré pleinement dans la rébellion, me mettant ainsi au service de ceux qui luttaient contre celui qui m’avait tout appris, qui m’avait offert mes premières armes et pour qui j’avais tué, de si nombreuses fois. Je menais donc quelques actions, solitaire la plus part du temps. Des piqûres de moustiques pour Rodriguez qui était si puissant qu’il en devenait quasiment intouchable. Pourtant j’étais déterminé à débarrasser le monde de ce monstre. Je le connaissais plutôt bien, point positif dans ce combat. Cependant j’ai décidé d’attendre, de faire la morte pendant quelques années, continuant cependant de distiller des conseils et aider ceux qui en avaient le plus besoin.

Les problèmes soulevés en Colombie à cause de la Guérilla commençaient à attirer ceux que moi j’appelle les vautours : Les journalistes. Ces fouines se permettent de fourrer leur nez partout, ça me donne la nausée. Le pire dans tout ça c’est qu’ils passent ensuite pour des héros.
J’avais 20 ans quand ma route a croisé celle de Sam Keller, une saloperie de reporter, tête brûlée impossible à contrôler. Qu’Est-ce qu’il a pu me pourrir la vie ce con. Je compte plus le nombre de fois où l’on s’est mutuellement envoyé chier. On en a même été jusqu’à en venir aux mains … avant de finir dans les bras l’un de l’autre. Ceci dit ç’a pris des années avant que lui comme moi, bien trop fiers, soyons en mesure d’avouer que ce que l’on pensait être de la haine et qui l’était certainement au début cela dit, était en fait une passion et un amour dévorant.